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VOYAGE À VÉNUS

— Et l’aristocratie du sang, lui demandai-je, existe-t-elle chez vous ?

— En aucune façon. Il y a longtemps grâce à Dieu que la noblesse est effacée de nos mœurs et de nos lois. On a mis à la rayer plus d’empressement encore que pour la décoration, et l’on a eu grandement raison, selon moi : la décoration était au moins une distinction toute personnelle, et il se pouvait qu’elle fût quelquefois méritée ; mais quelle considération de bon aloi espérer d’un titre jadis accordé au mérite d’un ancêtre ? Cela prouvait-il qu’on eût hérité de ce mérite ? Loin de là, car il arrivait fréquemment que les descendants du premier titulaire, étant dispensés d’acquérir une illustration qu’ils trouvaient toute faite, dissipaient, dans l’inertie et en vains plaisirs, un temps que les déshérités du sang employaient à travailler pour se faire un nom ; de telle sorte qu’un brevet de noblesse n’était, le plus souvent, qu’un brevet d’ignorance et d’orgueil.


Vers une des extrémités de la galerie dans laquelle nous nous promenions, nous aperçûmes les affiches des théâtres. Ce n’était pas cet assemblage multicolore d’immenses carrés de papier, — avec d’immenses caractères annonçant d’immenses succès, — qui