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VOYAGE À VÉNUS

sions d’ouvrier et de cultivateur, qu’elle appelait des métiers, tandis qu’elle se glorifiait de sa fortune et de ses occupations qu’elle décorait du nom de professions libérales, il arriva que les classes qualifiées par elle de classes inférieures, vouées à une position modeste et à d’humbles travaux, ne se résignèrent plus à ces travaux si dédaignés. Après avoir acquis autant d’instruction que la bourgeoisie, chacun voulut être haut fonctionnaire, avocat, artiste ou littérateur ; la charrue et l’atelier manquèrent de bras, et les grandes villes s’encombrèrent de génies incompris, jaloux et turbulents.

— Vous blâmez-donc, lui dis-je, l’instruction donnée au peuple ?

— Non, assurément, répliqua Mélino, mais la demi-instruction qui ne développe que les aspirations de la vanité. Une éducation plus complète, aidée par l’évolution des idées, a fait comprendre à tout le monde combien il était sot et imprudent de taxer d’infériorité telle ou telle classe de la société, telle ou telle profession. On eut enfin une égale et vraie considération pour tout travailleur pourvu qu’il fût honnête et bon. Ce qui fit que, l’envie n’ayant plus d’aliment, personne ne désira désormais sortir de sa sphère.

« Quant aux prêtres, ils revinrent à la doctrine de