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VOYAGE À VÉNUS

teint un certain degré de force et de développement, les vérités captives renversèrent le boisseau et s’échappèrent de par le monde comme une blanche volée de colombes. Jugez du dépit et de la fureur de leurs geôliers ! Ils organisèrent sur le champ contre elles une chasse sans merci ; mais, comme les vérités étaient invulnérables, ils s’en prirent à ceux qui eurent l’audace de les montrer aux hommes, et Dieu sait le nombre des malheureux qui furent, par eux, jetés dans les cachots, torturés, brûlés, crucifiés. Cruautés inutiles ! car les bourreaux qui les exerçaient si impitoyablement sur les corps ne pouvaient atteindre la pensée dont le rayonnement s’augmentait sans cesse : chaque bûcher brûlait un homme, mais il éclairait le monde, et servait à la victime de glorieux piédestal au culte de la postérité. Cruautés sans excuse ! puisque Celui qu’ils proclamaient leur Maître avait enseigné la tolérance, la mansuétude et la fraternité. Il s’était élevé contre le polythéisme, le culte extérieur, le luxe des habits sacerdotaux, et, dans des temples, peuplés de statues, ses prêtres, revêtus de longs vêtements tissés d’or, trônaient, sous un dais de pourpre, au milieu d’un nuage d’encens ; il avait prêché le renoncement aux choses temporelles, et il se forma de ténébreuses confréries qui, aimant par trop le