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VOYAGE À VÉNUS

tous, les souverains, invoquant je ne sais quel droit divin de leur invention, ont fait verser le sang de leurs sujets lorsqu’ils résistaient à des décrets oppressifs et arbitraires, et les prêtres, attisant le fanatisme, ont fait naître de cruelles dissensions.

« Ce qui, dans tous les pays, a le plus nui à la religion, c’est l’âpre tendance à l’exploiter qu’ont eue longtemps ceux qui se disaient ses ministres. Dès les premiers âges, l’homme, contemplant les merveilles de l’univers et de son propre organisme, a senti le besoin de rendre à la divinité un légitime hommage d’admiration, de reconnaissance et d’amour. Malheureusement, quelques uns s’attachèrent à faire de ce beau sentiment un levier à leur ambition, et, dans ce but, ils en détournèrent l’expansion sur de vaines idoles et de puériles superstitions.

« L’ignorance, mère de la crédulité, seconda merveilleusement leurs desseins, et donna un vaste champ à leur pouvoir. — Si, quelquefois, vous avez voyagé par une nuit sans lune, vous avez dû voir quelles apparences fantastiques prennent les objets et combien d’illusions se jouent de l’imagination fascinée par la mystérieuse influence du calme et de l’obscurité : le chêne dépouillé paraît un noir