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VOYAGE À VÉNUS

« Chacun de ces despotes considérant la nation qu’il gouvernait comme étant son propre domaine et animé du désir, naturel à tout propriétaire, d’en agrandir le territoire, soufflait dans l’esprit de ses sujets des sentiments de haine et de colère contre les peuples voisins, les faisait combattre avec eux, et, s’ils triomphaient, s’attribuait le mérite de la victoire, en quoi il était merveilleusement servi par l’admiration complice et souvent vénale des poëtes et des historiens. Quant à ses sujets, ceux qu’avait épargnés la lutte retournaient dans leurs foyers où ils ne se trouvaient guère plus heureux qu’auparavant, et où ils attendaient docilement que leur maître les appelât à de nouvelles conquêtes.

« Les proclamations qu’en ces appels, le roi adressait à son armée étaient, du reste, presque toujours les mêmes, dans tous les temps et pour toutes les circonstances. Il affirmait à ses soldats qu’ils étaient invincibles, que leur cause était juste, et que le Dieu des armées combattait avec eux. Rien de mieux assurément ; mais, comme, au même moment et pour la même guerre, on en disait autant dans le camp opposé, il était malaisé de concilier les deux proclamations, et le rôle du Dieu des armées devenait fort embarrassant.

« Cet état de guerre se prolongea pendant plu-