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VOYAGE À VÉNUS

ne put retenir un cri de surprise, et, en considérant ma taille exiguë, ma peau blanche et mes yeux dépourvus de longs cils, il laissa paraître ce sentiment d’ineffable bonheur qu’éprouve un savant à la découverte d’un phénomène. Mélino m’adressa ensuite quelques paroles qui semblaient interrogatives et auxquelles je ne répondis que par un geste signifiant que je ne les comprenais pas. Il recourut alors au paysan qui me parut lui expliquer le motif de la présentation qu’il lui faisait de ma personne.

Mélino sonna son domestique, lui parla, et nous conduisit dans la salle à manger. Je fus surpris de ce qu’au lieu de faire servir le fermier à l’office, suivant l’usage de bien des démocrates de ma connaissance, il le plaça à table à côté de lui. J’observai encore qu’il n’avait pas infligé à son domestique l’ignominieuse livrée, et qu’il n’exigeait pas de lui ces attitudes courbées et cette basse humilité, que la vanité des riches impose souvent à la pauvreté de ceux qui les servent.

Le repas achevé, Mélino congédia son fermier, et me retint avec toutes sortes de démonstrations bienveillantes. Il me désigna un petit appartement que les collections n’avaient point encore tout à fait envahi, en me faisant signe qu’il m’était destiné.