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VOYAGE À VÉNUS

J’observai encore que les courses des voitures publiques se payaient avec des jetons métalliques achetés d’avance, et que les cochers ou conducteurs rapportaient ensuite à leur administration ; — système qui avait le double avantage d’empêcher les fraudes si fréquentes de nos automédons mercenaires, et d’éviter les ennuis et les discussions qui accompagnent plus d’une fois les règlements de compte avec ces serviteurs à l’heure, dont une exquise urbanité ne constitue pas précisément le principal mérite.

Les costumes des Vénusiens offraient beaucoup plus de variété que les nôtres. Chez nous, vous le savez, règne sans partage le vêtement sombre : pantalon noir, habit noir, chapeau noir, robe noire, constituent la fleur de l’élégance et du bon ton, ce qui malheureusement donne à nos rues et à nos boulevards une physionomie particulièrement triste et monotone. Dans Vénus, au contraire, le pays aux vives lumières et aux vives couleurs, tout le monde n’accepte pas aveuglément l’uniforme décrété par le tailleur ou la couturière, et la fantaisie a une grande part dans le costume. Chacun choisit la forme et la couleur du vêtement qui lui sied le mieux, si bien que tous les costumes de notre planète sont à peu près représentés sur le trottoir