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VOYAGE À VÉNUS

appréhension de subir un sort pareil, et d’avoir été bien loin chercher une bastonnade.

Mais l’abord des indigènes me rassura bientôt : ils ne manifestèrent à ma vue qu’un étonnement profond, et, pendant quelques instants, nous nous observâmes avec une curiosité réciproque. Puis, l’un d’eux me dit, d’un air affable, quelques mots d’une langue qui me parut très-douce à l’oreille, je lui fis signe que je ne le comprenais pas, ce qui redoubla sa surprise, attendu qu’on ne parle qu’un seul idiome sur toute la planète. Ayant alors recours à la pantomime, la langue universellement intelligible de la création, il me fit signe de le suivre, et m’aida, avec ses compagnons, à porter mon esquif. À cet accueil si obligeant et si dévoué, je reconnus avec plaisir que j’étais dans un pays plus civilisé que la terre.

Chemin faisant, j’examinai mes guides avec une attention bien naturelle. C’étaient des hommes grands et forts, à la peau dorée par le soleil.

La providence divine a conformé chaque créature suivant le climat sous lequel elle l’a placée. Elle a donné une peau brune aux hommes du midi afin de rendre plus facile l’émission du calorique qu’ils dégagent, et une fourrure blanche aux animaux du nord dans un but tout contraire. Elle a également

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