Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
VOYAGE À VÉNUS

tion lunaire de la sphère d’attraction terrestre, je n’eus absolument aucun mouvement à faire pour rester suspendu au milieu de l’espace dans un équilibre parfait. Je stationnai sur ce point de tangence, — semblable à un capitaine de vaisseau qui attend la marée pour entrer au port, — jusqu’à ce que la Lune, après avoir passé sous Vénus, la laissât reparaître à l’autre bord. Quand ce moment fut arrivé, une légère impulsion me tira de ma position d’équilibre, et me fit entrer dans la sphère d’attraction de la Lune. Mon appareil se retourna, la partie inférieure se dirigea vers le centre du satellite ; mais, afin de ne pas tomber sur cet astre, je dirigeai latéralement mes cônes propulseurs. De cette façon, je passai près de ses bords sans y toucher.

— Tu as donc voulu, dit en riant Léo, brûler la station de la Lune, suivant l’expression en usage dans les voyages en chemin de fer ? À ta place, j’aurais eu la curiosité de m’y arrêter quelques instants.

— Comme elle n’a pas d’atmosphère, j’ai pu la voir parfaitement sans y débarquer. C’est un astre mort qui me présenta l’aspect le plus désolé : nulle trace d’habitation, pas un seul animal, pas une plante ; partout la neige et la glace, partout le morne silence et la funèbre solitude d’un cimetière