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VOYAGE À VÉNUS

l’atmosphère, et j’entrais dans le royaume du vide, per inania regna !


Vu à travers une double convexité de l’atmosphère et une étendue de vapeurs deux fois plus longue que celle qui nous sépare de l’horizon, le soleil me parut bien plus grand et plus éteint que lorsque nous assistons à son coucher d’un point quelconque de la surface terrestre. Il offrait l’aspect d’un énorme disque d’un rouge sombre, qui, par moments, s’animait de lueurs plus vives, suivant les vicissitudes de transparence que l’air éprouvait. Bientôt, je le vis disparaître derrière la courbe lointaine de l’horizon rationnel ; ses ardents reflets s’éteignirent par degrés, et les nuages noirs que j’avais vus se dessiner sur un fond éclatant de lumière, perdirent la netteté de leurs contours, ou plutôt semblèrent s’étendre et voiler complètement cette partie du ciel. Il ne resta qu’une faible lueur rousse, qui s’effaça aussi à son tour… J’entrais dans le cône d’ombre de la terre.

Un spectacle non moins sublime s’offrit alors à mes yeux. Au-dessus de cette sphère resplendissante des riches couleurs de l’arc-en-ciel, que je venais d’admirer, j’en trouvais une autre toute étincelante d’étoiles. Vous ne sauriez concevoir combien leur

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