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VOYAGE À VÉNUS

les progrès sans trève de la maladie, en vain toute une journée d’affreuse agonie nous avaient-ils préparés à ce dénouement suprême, nous fûmes comme foudroyés du coup qu’il nous porta.

Ô la pauvre et chère enfant ! Son souvenir remplissait, sans relâche, mon âme tout entière. Un profond accablement, traversé parfois de vives lancinations de douleur, comprimait ma pensée comme un cercle de plomb. Vainement m’efforcé-je de distraire mon esprit par l’étude et le travail, le sentiment de ma perte m’assaillait sans cesse avec l’impitoyable obstination du vautour qu’on peut effaroucher un instant de façon à lui faire quitter sa proie, mais qui revient aussitôt après fondre sur elle avec une plus ardente avidité ! Aussi, voyais-je avec joie arriver les heures bienfaisantes du sommeil, de cette langueur délicieuse où le cœur le plus agité et le plus souffrant trouve le calme, l’oubli, et quelquefois les illusions du bonheur. Mais quelle était ma douleur, à l’instant du réveil, alors que, sortant des chimères du rêve, je me trouvais tout à coup en présence de l’accablante réalité !


Un soir, après le coucher du soleil, et comme, le regard fixé sur le sol, j’étais resté longtemps absorbé dans ma préoccupation inéluctable, je vis en rele-