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VOYAGE À VÉNUS

contours brillants que le pinceau ne saurait reproduire. Vus du côté du ciel, ils cessent d’être des écrans pour devenir des réflecteurs, et, du point où je me trouvais, rien n’égalait l’éblouissant éclat de ce même nuage qui, sur terre, répandait les ténèbres et la désolation.

À mesure que je montais, les nuages, par une illusion bien naturelle et que l’espace vide qui m’entourait rendait plus décevante, me paraissaient descendre, comme si tout à coup leur poids eût augmenté, et les eût entraînés dans une chute rapide. Un coup de vent les balaya bientôt, et me permit de revoir la terre.

Pour un homme habitué comme nous à ramper sur notre globe, dans le cercle étroit et mesquin de nos affaires, c’était, je vous assure, un imposant et sublime spectacle que ce panorama lointain et l’immense coupole d’azur qui le couronnait. Il y eut un instant où il devint merveilleux de grandeur et de beauté : ce fut lorsque le soleil, ayant disparu de l’horizon terrestre, laissa le paysage dans l’ombre, et illumina des riches couleurs du couchant les brumes légères qui flottent dans les premières couches atmosphériques. C’était vraiment d’une splendeur magique ! Au-dessus de ma tête, le zénith formant un dôme noir, piqué de quelques étoiles, puis