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VOYAGE À VÉNUS

de plus en plus vif, et bientôt du bout de l’horizon, une flèche de feu jaillit… puis, dépouillé de ses rayons éblouissants, le soleil émergea de la ligne noire des montagnes, et, tant qu’il n’eut pas dégagé ses bords, nous parut comme une immense coupole d’or placée à l’extrémité du monde. Son globe, double du nôtre, et grossi encore par la courbe lointaine de l’atmosphère, était d’une majesté sublime.

Le paysage s’éclaira par degrés. Tous les bas fonds étaient noyés dans les flots légers de ces blanches vapeurs qui s’exhalent chaque matin et montent au ciel comme des fumées d’encens que la nature, à son réveil, enverrait au Créateur. Elles se dissipèrent peu à peu, et notre œil ravi embrassa un vaste océan de montagnes de toutes formes et de toutes couleurs. Elles s’étageaient au loin par assises onduleuses, que séparaient de longues traînées de vapeur, et qui semblaient des gradins gigantesques entassés par des Titans pour escalader le ciel. La dernière ligne était formée de pics de plus de quarante mille mètres d’élévation (les plus hautes montagnes de la Terre n’en ont que huit mille), et couronnés, les uns d’une neige éclatante, les autres de glaces brillant de tous les feux du prisme, de sorte que leur chaîne circulaire faisait au tableau qui se déroulait à nos pieds, comme un