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VOYAGE À VÉNUS

Cette promesse suffit à me décider.

— Eh bien ! ajouta-t-elle, profitons de la sérénité du ciel ; partons cette nuit même à la lueur des flambeaux, et demain nous verrons le soleil se lever sur le plus splendide tableau qui se puisse imaginer.

Ce projet s’exécuta. Nous gravîmes, pendant la nuit, les flancs du Mégal, tantôt arides et rocailleux, tantôt couverts d’un tapis de gazon fin et serré. Nous étions à cheval, escortés de domestiques portant des flambeaux. Parvenus au sommet de la montagne, nous leur dîmes de nous laisser et de ramener nos montures. Puis, seuls dans la nuit profonde, nous attendîmes le lever du soleil.

Au bout de quelques instants, une ligne blanchâtre se dessina au loin dans la profondeur des ténèbres, s’étendit en arc de cercle, et laissa voir, sur un fond pâle, la silhouette dentelée de l’horizon. Les collines et les rochers placés plus près de nous et plongés encore dans l’ombre, estompaient vaguement leur croupe noire comme des monstres assoupis. Peu à peu, la zone lumineuse s’élargit et envahit le ciel, qui se colora d’un bleu clair et tendre. Au sein de cet azur d’une suavité extrême, se déployèrent des bandes de nuages rouges, semblables à des bannières de pourpre faisant cortège à l’astre du jour. L’éclat de l’orient devint