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VOYAGE À VÉNUS

de plus en plus sensible, vint à pénétrer l’opacité du brouillard. Comme j’étais alors parvenu dans les couches les plus élevées de l’atmosphère, le froid devint extrêmement vif, il dépassa 30 degrés, et condensa les vapeurs en gouttes de glace qui, tombant à travers l’épaisse couche du nuage, glaçaient d’autres vapeurs autour d’elles, et atteignaient ainsi la grosseur ordinaire des grêlons.

En approchant de l’extrémité du nuage, je vis le soleil se dessiner en globe rougeâtre, semblable à un boulet sortant de la fournaise et comme nous l’apercevons à travers les brouillards du matin ; seulement, par un curieux effet de mirage, son image se réfléchissait au-dessous de moi, dans les vapeurs. Peu à peu, il reprit sa couronne de rayons, et, je me trouvai dans une atmosphère resplendissante de lumière.

L’éclat azuré du ciel que j’eus grand bonheur à revoir était pourtant terne et pâle auprès de celui de l’amas de vapeurs que je venais de traverser. Vous pouvez difficilement vous imaginer la splendeur neigeuse des nuages, dans leur partie supérieure. Comme nous les voyons généralement entre le soleil et nous, ils ne nous présentent guère que leur face la plus obscure ; l’autre ne nous apparaît que de profil, festonnant l’amas nébuleux de ces