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VOYAGE À VÉNUS

gnées de mains — qui engagent beaucoup moins. Il y a encore la propagande œnophile qui est fort employée, et d’un effet plus sûr. Le vin est un précieux agent électoral : sa douce chaleur amollit l’âme et la dispose merveilleusement à recevoir l’empreinte de convictions nouvelles, elle dissipe les défiances, et provoque, par degrés, l’admiration et le dévouement de celui qui boit pour celui qui remplit son verre. Mais, comme chaque concurrent a aussi recours au pouvoir de cette spiritueuse éloquence, la lutte bachique prend des proportions colossales. Plusieurs jours avant le vote, les électeurs de chaque parti se réunissent ensemble et procèdent à des libations préparatoires. À mesure que les futailles se vident, l’enthousiasme électoral va s’exaltant, et devient du délire et de l’ivresse — la plus réelle. On vote alors, et le candidat le plus généreux reçoit le prix de ses largesses : la victoire est aux gros tonneaux.

— Et les élus sont fiers d’un tel triomphe ?

— Très-fiers et très-heureux, je vous assure. Les moyens s’oublient et le résultat est acquis.

— Vous voulez dire acheté. Mais aussi, que peut-on attendre d’électeurs qui ne savent pas lire ? Les paysans de votre planète sont donc bien ignorants !

— Pas partout. Il est une nation qui fait à cet