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VOYAGE À VÉNUS

Que vous dirai-je du merveilleux panorama qui s’étendait à mes pieds, et dont le vaste horizon s’agrandissait sans cesse ? Par instants, à l’extrémité de grandes plaines dont les sinuosités échappaient à mon regard, je voyais s’élever un chaînon de montagnes, derrière lequel d’autres se montraient à leur tour. Çà et là, serpentaient les fleuves et les rivières, déroulant à l’infini les méandres de leurs anneaux d’argent. Vous jugez combien je devais être saisi d’admiration devant la grandiose beauté d’un pareil spectacle !

Cependant, la plaine sur laquelle je me trouvais semblait se resserrer peu à peu, et se laisser envahir par les montagnes qui surgissaient sans cesse à l’horizon. Bientôt mon regard ne distingua plus que leurs sommets, qui me parurent comme les flots immobiles d’une mer de verdure, sur laquelle brillaient au sud et à l’est les Alpes de la Suisse et du Tyrol, semblables aux traînées argentées que font sur l’Océan les vagues moutonneuses, en se brisant avec de longs bouillonnements d’écume.

Comme j’étais absorbé dans l’extase de mes contemplations, mon esquif aérien fut tourmenté par un vent du sud qui s’éleva avec assez de violence, amenant avec lui cette cohorte de gros nuages qui forme son cortège ordinaire. Ces nuées se groupè-