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VOYAGE À VÉNUS

d’entasser quatre fois plus de monde qu’ils ne devraient en contenir.

Si la danse vénusienne me charma par son gracieux entrain, l’orchestre ne me fit pas moins de plaisir par sa douce harmonie, que ne troublaient ni les glapissements aigus du flageolet, ni les stridents éclats du cornet à piston.

Mais l’enchantement et la fête de mon âme, en cette heureuse soirée, ce fut ma chère Célia dont une toilette d’une gracieuse simplicité et d’un goût exquis rehaussait l’adorable beauté. Elle allait et venait, douce et souriante à tous, la joue et le regard animés par la fièvre du plaisir. En vain, le bal m’offrait-il son éclat et ses distractions, mes yeux revenaient toujours à elle. J’ignore si je ne fus pas dupe d’une de ces flatteuses illusions dont l’amour se repaît si facilement, mais il me sembla que j’occupais aussi quelquefois sa pensée. Personne assurément n’aurait pu le deviner, mais je le sentais par l’effet de je ne sais quel magnétisme mystérieux. Un hasard complaisant nous faisait retrouver fort souvent l’un près de l’autre ; nous causions alors, — de choses banales, il est vrai, — mais, dans une conversation d’amoureux, ce qu’il y a de plus intéressant, c’est toujours ce qu’on ne dit pas ; c’est ce muet langage du cœur qui ne se trahit que par les inflexions