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VOYAGE À VÉNUS

valse, aucune polka, et qui font rage au cotillon ?

— Pas si fous que tu le dis, mon bon Muller. Assurément, ils se préoccupent fort des danses et surtout des danseuses, ils ne connaissent ni trêve ni repos, et, quand l’orchestre se tait, on les voit s’agiter dans la foule, leur carnet à la main, avec l’activité fiévreuse de coulissiers un jour de liquidation ; je conviens aussi qu’ils inscrivent, avec ponctualité, toutes leurs invitations, et qu’ils dansent à l’échéance ; j’ajouterai, si tu veux, qu’ils brillent particulièrement au cotillon, et qu’ils en dirigent l’interminable imbroglio d’un esprit alerte et d’une main sûre. Oui, tout cela est vrai ; mais garde-toi bien de croire que ce soit pour eux plaisir purement frivole et temps perdu pour les affaires. Quelques mois après, tu verras tes jeunes fous être investis de fonctions importantes, puis avancer rapidement, et cela… cela, grâce à madame la baronne de X… ou à madame la comtesse de Z…, dont ils auront été, dans plusieurs bals, les chevaliers servants au cotillon. Le cotillon mène à tout.

Pour en finir avec le bal de Mélino, je vous dirai, mes amis, qu’une différence que je fus encore bien heureux d’y trouver avec les nôtres, c’est qu’on pouvait s’y mouvoir et respirer, deux avantages bien rares dans nos étroits salons, où l’on se fait honneur