Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
VOYAGE À VÉNUS

plus souvent dans ces confusions charivariques, qu’elles choisissent de préférence des morceaux brillants, c’est à dire hérissés d’inextricables difficultés.

J’en fus quitte pour la peur. On joua pendant un temps fort court, et, pour ce léger intermède, on fit choix de quelques mélodies de grands maîtres, et non de musique à prestidigitation.

Vint ensuite le bal qui frappa grandement mon attention par sa vivacité et son entrain. J’étais tellement habitué à nos danses ou plutôt à nos marches de salon, à ces quadrilles guindés où l’on se promène d’un air ennuyé, le pied traînant sur le parquet et les bras collés au corps ! Le mode vénusien me parut infiniment plus agréable et plus naturel, car la danse n’est pas seulement un plaisir, mais un besoin du corps ; et une ardente animation convient à ce singulier instinct de sauterie que Dieu a, par malice, exclusivement départi à l’animal le plus raisonnable de la création.

— D’accord, fit Muller ; mais, pour mon compte, je dénie le prétendu esprit froid et sérieux que tu attribues à nos jeunes danseurs. Est-il rien, au contraire, de plus animé, de plus ardent au plaisir, de plus fou en un mot, que cet essaim de jeunes gens qui ne manquent aucun quadrille, aucune