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VOYAGE À VÉNUS

surer la considération qu’elles professent les unes pour les autres bien plutôt sur le nombre de leurs robes que sur celui de leurs talents ou de leurs vertus. Pour elles, ce luxe de la toilette constitue, avant tout, une sorte de certificat d’opulence ; or, qui ne sait que l’orgueil de la fortune est un des plus vifs, sinon des plus légitimes, que nous ressentions ici-bas ?

Les femmes de Vénusia montrent bien moins de frivolité ; mais là, les mœurs et les lois, loin de les reléguer dans l’ignorance et l’oisiveté, les font les égales des hommes. Elles ne les considèrent pas comme des êtres incapables de tout acte sérieux et que Sa Majesté le Mari doit gouverner en despote — lors-même qu’il afficherait au dehors du ménage le libéralisme le plus exalté ; — elles ne suppriment pas leurs droits pour augmenter la somme de leurs devoirs, ce qui n’est pas précisément une compensation ; et, si une faute est commise, ce n’est point l’être faible que l’opinion blâme exclusivement : elle ne flétrit pas de son mépris le pauvre oiseau tombé pour admirer le serpent fascinateur.

C’est une égalité complète qui règne dans ces régions fortunées ; la femme y est véritablement la digne compagne de l’homme. Comme je crois vous l’avoir dit, elle exerce un grand nombre de profes-