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VOYAGE À VÉNUS

due pour la satisfaction des convives dont elle excite moins l’admiration que la secrète envie. Ajoutez que les trois quarts font souvent une moue rancunière de ce qu’on ne leur a pas donné les places d’honneur. Il est vrai qu’ils se dédommagent en chuchotant sur les plus favorisés une maligne kyrielle d’observations railleuses ; ce qui ne les empêche nullement de leur adresser quelque grosse flatterie à l’occasion. Un grand dîner est un bizarre assemblage de critiques à voix basse et de compliments à voix haute, de mets épicés et de plats sucrés.

Ici encore, règne chez les convives en habit noir l’aimable et galante habitude de quitter avec empressement les dames, une fois le repas terminé, pour se retirer au fumoir. Là, profitant avec bonheur de leur liberté conquise, ils débitent des propos grivois à faire rougir un tambour de la garde nationale, et, de-ci de-là, médisent quelque peu des belles délaissées — lesquelles, de leur côté, se moquent à cœur joie de messieurs les fumeurs, surtout des plus vieux.

Enfin, le cigare achevé, ils se décident à venir apporter au salon le charme de leur présence, et de leurs parfums. Quelques personnes invitées pour la soirée, exclusivement, sont successivement annon-