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VOYAGE À VÉNUS

— Contrainte charmante qui ne donne que plus de force à la passion. Les parfums d’une essence subtile s’évaporent quand le flacon reste ouvert, et, dans le cas contraire, ils s’accumulent et se condensent pour devenir plus pénétrants si parfois ils s’échappent par quelque fissure. Ainsi de l’amour : il perd à s’étaler verbeusement son prestige et son mystère.


Vous vous étonnez peut-être, mes bons amis, de l’allure un peu facile de cette causerie dans laquelle nous apportions une liberté toute masculine. Je sais qu’elle choque nos mœurs ; mais, je vous l’ai dit, les jeunes filles de Vénusia ne sont pas élevées dans cette contrainte hypocrite qui, dans nos petites villes, leur fait affecter l’inepte ignorance d’Agnès ou l’irritable pruderie d’Arsinoé. Elles n’ont pas non plus cette glaciale indifférence des choses de cœur qu’on rencontre si souvent chez nos demoiselles des grandes cités, pour lesquelles l’idéal du mariage n’est pas le bonheur d’un amour partagé, mais un riche salon où l’on trône en souveraine, des toilettes splendides, des bijoux éclatants, un bel équipage, et un mari, quel qu’il soit, pour payer tout cela.

L’éducation de Célia ne présentait aucun des inconvénients de ces deux civilisations, l’une un peu