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VOYAGE À VÉNUS

jusqu’à l’abeille et le castor, l’animal fait très-bien tout ce qu’il fait, — ce qui le distingue éminemment de l’homme. — Mais cette perfection est telle, et elle exige de sa part si peu de tâtonnements et d’efforts, qu’on ne lui en attribue pas plus le mérite qu’on n’en reconnaît à l’arbre pour former une fleur ou un fruit. On sent, bien plutôt, que c’est sous l’invisible main de Dieu que ces merveilles se produisent. L’homme, au contraire, a la gloire et le péril de la liberté, il est responsable, et doit par conséquent trouver, dans une existence ultérieure, cette sanction de ses actes que la justice réclame et que lui refusent ou lui épargnent les hasards de la vie en ce monde.

« Aussi bien, l’instinct de cette existence future est-il profondément enraciné dans notre âme. Ce n’est sans doute qu’un pressentiment ; mais l’hirondelle qui fuit nos pays et va chercher au loin des régions plus clémentes, a-t-elle autre chose, pour en deviner l’existence, que la voix secrète de son instinct ? Et pourtant, elle n’en vole pas moins à travers l’espace immense ; le grondant abîme des mers, les vents contraires, les nuées orageuses, n’ont rien qui l’effraie et la décourage, car elle sait que, par delà les horizons, elle trouvera la contrée promise, le ciel bleu, la verdure et la chaleur. Ainsi de notre âme. Elle aussi a le pressentiment d’une