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VOYAGE À VÉNUS

la mort, le quitte avec joie, heureuse de sa liberté recouvrée comme l’oiseau s’échappant de sa cage pour s’élancer dans l’azur du ciel.

« Certains de vos compatriotes, les matérialistes, croient au contraire qu’elle n’a pas une individualité propre, et que la pensée n’est qu’une propriété de la matière organisée.

« Nous ne professons ici aucune de ces opinions absolues.

« Et d’abord, nous ne pensons pas que l’âme soit venue animer le corps pour l’habiter passagèrement. Nous croyons, au contraire, qu’elle s’y est formée des principes vitaux qu’il contient et qu’elle a élaborés, comme la fleur se forme des sucs nourriciers de la terre ; mais, de même que cette fleur prend aussi dans l’air et la lumière, les principes qui doivent composer ses couleurs et son parfum, de même l’âme se développe et s’embellit dans l’atmosphère des idées et de la méditation. C’est ainsi qu’elle complète son individualité, et que plus tard, séparée du corps, elle pourra vivre de sa propre vie, ainsi qu’il arrive pour le fœtus détaché des entrailles qui l’ont nourri.

« Mais comment d’autres philosophes de vos régions hyperboréennes peuvent-ils abaisser la condition de leur moi pensant jusqu’à n’y voir qu’une