Page:Eyraud - Voyage à Vénus.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
VOYAGE À VÉNUS

— Déjà neuf heures ! fit Léo, et Volfrang n’est pas venu. C’est la première fois qu’il n’est pas exact à nos réunions du vendredi.

— Nous ferions bien d’aller chez lui. Peut-être est-il vraiment malade.

— Je le crois. Sortons.

— Ah ! enfin, le voici.

Volfrang entra. C’était un grand jeune homme, dont le teint blême contrastait avec sa chevelure qui tombait en longue nappe noire autour de son cou. Son visage maigre et ascétique était sans animation et sans mobilité ; ses grands yeux noirs ne manquaient pas de beauté, mais le regard paraissait constamment noyé dans les brumes d’une vague rêverie ; et, ce soir-là plus que jamais, Volfrang se trouvait dans un état de lourde torpeur. On eût dit un fumeur à demi réveillé du sommeil extatique qu’on trouve dans l’opium ou le haschich.

— Comme tu as l’air fatigué ! mon pauvre Volfrang ! dit Muller. D’où viens-tu donc ?

— De Vénus.

— Hein ?

— De Vénus, te dis-je.

— Décidément, c’est de la folie ! se dit tristement Muller.

— Peste ! je comprends que tu sois harassé, mon