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VOYAGE À VÉNUS

à l’usage des simples braves gens ; il proclame au contraire bien haut qu’il n’y a qu’une seule morale comme il n’y a qu’une seule conscience, et, soumettant chaque fait de l’histoire au contrôle inflexible de cette conscience universelle, il forme ainsi bien moins de vains érudits que des hommes honnêtes et de bons citoyens.

« Peut-être, d’après l’exposé que vous m’avez retracé, passez-vous trop légèrement sur ce côté moral des événements et des institutions, pour ne mettre en relief que le côté brillant, et appeler l’admiration sur les grands conquérants et les grands chefs de parti. En inspirant ainsi aux élèves l’amour de la gloire et des hautes positions, vous compromettez non-seulement leur bonheur, car tout le secret du bonheur est dans la modération des désirs, mais le bonheur de ceux qui les entourent, rien au monde n’étant plus insupportable que la société habituelle de ces esprits ambitieux, beaucoup moins satisfaits de leurs succès qu’aigris de leurs déceptions, et cruellement tourmentés des obsessions d’une vanité toujours inquiète, toujours inassouvie.


« J’ajouterai que nos professeurs prodiguent indistinctement leurs soins à tous les élèves et non