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VOYAGE À VÉNUS

que personne ne parle. C’est ainsi que par des études arides, au-dessus de sa portée, vous éteignez en lui ce désir de s’instruire, qui est pourtant inné chez l’homme et qui fait sa grandeur. Offrir de pareils aliments à la faible intelligence des enfants, n’est-ce pas comme si, dès le berceau, on chargeait de grosses viandes leur estomac débile au lieu de l’arroser de lait et de bouillie ? Leur esprit se rebute d’une alimentation aussi indigeste, et se sent pénétré du dégoût d’apprendre, comme l’estomac est saisi d’aversion pour un mets qui l’a fatigué.

« Nous, au contraire, nous ménageons, avec la sollicitude la plus attentive, les forces naissantes de l’enfant, et nous proportionnons notre enseignement au développement graduel de son intelligence. Son attention s’attachant plutôt à ce qui frappe les sens qu’aux formules et aux généralisations, c’est pour lui expliquer ce qu’il voit et ce qu’il touche que nous nous attachons à commencer son éducation ; nous lui apprenons, par exemple, comment se font les étoffes qu’il porte, nous lui montrons, sur place, comment s’engendre et grossit un arbre, et s’il en tombe un fruit ou une feuille, nous lui disons que c’est en vertu de l’attraction mutuelle des corps. Quant aux détails, à la marche de la séve dans les diverses plantes, à la loi mathématique des attrac-