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VOYAGE À VÉNUS

pression trop violente et trop prolongée. Obéissance sanctionnée par le châtiment, c’est-à-dire arbitraire dans les prescriptions et arbitraire dans les punitions, voilà ce que vous leur imposez, et comment vous les façonnez à la raison, à la dignité, à l’indépendance ! Ne voyez-vous pas d’ailleurs qu’inciter à faire le bien par crainte d’un châtiment, c’est ôter à la bonne conduite tout son mérite, et l’abaisser au niveau d’un égoïsme bien entendu ? Dangereux système d’ailleurs que celui qui consiste à considérer avant tout la conséquence, au point de vue de l’intérêt, de telle ou telle façon d’agir ; car il peut entraîner à de tristes défections le jour où, perdant la crainte du châtiment, on pourra croire plus utile de pratiquer le vice que la vertu.

« Nous préférons développer chez nos enfants ces germes si précieux de la notion du bien et du mal, que nous apportons tous dans le sanctuaire de notre conscience, et les disposer à écouter cette voix sainte, qui est celle de Dieu même et qu’il ne fait entendre qu’à l’homme seul : la voix du devoir. Nous nous occupons d’abord à former le cœur, — qui vaut mieux que l’esprit, — et à leur inculquer non de vaines formules abstraites, dogmatiques, qui ne représentent pour eux que des mots, mais ces beaux et grands sentiments qui font l’honneur de