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VOYAGE À VÉNUS

dans un journal de Paris, l’Univers illustré je crois, l’histoire d’un cas à peu près semblable à celui de notre ami.

« Une jeune et riche irlandaise, extrêmement frêle, mais d’une grâce charmante, était sans cesse absorbée dans un rêve mystérieux. Dès qu’elle venait à s’asseoir, un irrésistible sommeil s’emparait d’elle, et ses paupières s’abaissaient par degrés sur ses beaux yeux. Pour secouer cette langueur incessante, sa mère voulut lui donner les brillantes distractions de Paris. Vaine tentative ! Helmina dormait partout : aux concerts, aux séances parlementaires, au théâtre Italien…

— Jusque-là, je ne vois rien d’étonnant.

— Soit ; mais n’est-il pas étrange qu’une fille s’endorme dans la joyeuse animation d’un bal, et tombe en léthargie aux murmures d’amour et au feu des déclarations ? Rien ne réchauffait ce cœur engourdi dans sa neige virginale ; elle paraissait, la blonde et délicate enfant, une exilée d’un autre monde, y rêvant sans cesse, et souverainement indifférente à toutes les mesquines passions de notre globe.

À ce moment, la pendule de la brasserie fit neuf fois entendre le son grave et comme lointain d’un timbre en spirale.