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VOYAGE À VÉNUS

mins gâtés, fantasques, volontaires, que les parents trouvent adorables, et les étrangers parfaitement insupportables.

« Et quand vient pour eux le moment d’apprendre, vous changez brusquement de système, et, après toutes ces mignardes gâteries auxquelles vous les avez habitués, vous exigez tout à coup une soumission absolue. À vos yeux, l’idéal de la perfection pour un enfant c’est d’être obéissant et surtout de ne jamais raisonner ! Sur ce point, je me demande pour quel motif un père ou un précepteur se courroucent si fort quand ils voient un enfant vouloir prouver qu’il a raison. D’abord, cela peut arriver quelquefois ; et, dans le cas contraire, ne vaudrait-il pas mieux lui laisser expliquer les motifs de sa protestation, et l’éclairer sur les torts qu’il peut avoir ? Mais on préfère se donner la satisfaction vaniteuse du despotisme ; on exige une obéissance muette, on substitue à la soumission volontaire et réfléchie qui a la conscience du devoir qu’elle remplit, l’obéissance passive qui exécute aveuglément tout ce qu’on lui ordonne. Triste servitude qui avilit et dispose à accepter avec une facilité funeste les autres servitudes de la vie, car le caractère ainsi maté dès le principe, devient incapable de toute fermeté et de toute résistance, comme un ressort faussé par une com-

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