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VOYAGE À VÉNUS

— À Vénusia, nous envisageons autrement, sous beaucoup de rapports, l’éducation des enfants, éducation que nous avons en grande sollicitude, car, un jour, ces enfants seront des hommes qui vaudront ce qu’on les aura faits, soit dans leurs familles, soit au collège. Dans vos contrées, il semble que les parents considèrent d’abord leur enfant comme un charmant hochet : ils l’affublent de costumes de fantaisie, pour lesquels ils consultent leur goût, bon ou mauvais ; ils le font chanter, danser, — et, dans certains moments de liesse paternelle, on ne craint même pas de faire répéter, par sa douce voix et ses mignonnes lèvres roses, de vilains mots ou des jurons sonores, — en quoi l’on se figure amuser beaucoup l’enfant, sans songer qu’on ne s’amuse que soi-même, et qu’on ne fait que tourmenter cette pauvre petite créature, dont on profane ainsi la naïveté et la candeur. Puis, toujours préoccupés de la satisfaction que la beauté de leur progéniture peut donner à leur vanité, les parents cherchent moins à former l’âme de leurs enfants aux bons instincts qu’à leur enseigner la grâce du corps et la gentillesse du geste et du sourire. On repoussera parfois l’importunité de leurs caresses, mais on s’extasiera sur leur vivacité et leur mutinerie : de là, tant de petites filles coquettes et de ga-