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VOYAGE À VÉNUS

tices, ces explosions d’interruptions passionnées, ce bruyant cliquetis de couteaux à papier, poignardant avec rage un innocent pupitre, bref, tous ces tumultes orageux qui affligent si souvent nos séances parlementaires, et, pendant lesquels, la sonnette du président s’agite éperdue, avec des tintements d’alarme, comme la cloche monastique du Saint-Bernard quand gronde une tourmente. On écoutait avec le désir sincère de s’éclairer, et sans résolution arrêtée d’avance.

Ce n’est guère, il est vrai, l’esprit de nos assemblées soi-disant délibérantes, et qui seraient mieux nommées assemblées belligérantes, car leur premier caractère est moins la méditation que la lutte, chacun des soldats parlementaires qui la composent ne s’inquiétant généralement que d’une seule chose : savoir si la proposition discutée émane ou non du camp de son parti, afin de voter pour ou contre, suivant cette origine, et cela sans vouloir, comme Thomas Diafoirus, « rien écouter ni comprendre » en faveur de la proposition contraire. On ne pèse pas les arguments pour se décider d’après leur valeur, on se borne à faire éclater des applaudissements ou des interruptions selon qu’on est ou qu’on n’est pas de la coterie représentée par l’orateur, et c’est ainsi qu’il n’y a rien d’inutile comme ces flots d’élo-