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VOYAGE À VÉNUS

L’enceinte du Palais Législatif était fort vaste, chaque nuance d’opinion, chaque intérêt, s’y trouvant représentés. Les membres de cette assemblée avaient été nommés par le suffrage universel des Vénusiens et des Vénusiennes, et sans présentation de candidats par aucun parti, par aucun comité — intervention dont le premier résultat est de changer l’élection directe en élection à deux degrés, sans offrir les garanties de celle-ci, car alors l’élu du premier degré n’émane plus du suffrage universel.

Au centre de l’hémicycle s’élevait la tribune, et, au-dessus d’elle, comme ses collègues de la Terre — le président trônait dans son fauteuil,

 
Et faisait sonner sa sonnette.
 

Dès que la discussion fut ouverte, je reconnus l’exactitude de ce que m’avait annoncé Mélino. Rien de moins prétentieux que l’éloquence vénusienne : pas de hors-d’œuvre, pas de déclamations irritées, pas de ces ardentes mais inutiles récriminations qui ne prouvent que les animosités personnelles de l’orateur : les discours étaient calmes, clairs, substantiels. J’ajouterai qu’en cette assemblée, chacun parlait à son tour, — ce qui la distinguait éminemment des assemblées de notre planète. — Jamais non plus, la discussion n’était troublée par ces exclamations d’enthousiasme ou d’indignation plus ou moins fac-