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VOYAGE À VÉNUS

gnificence peut-être regrettable. Le pompeux édifice du catafalque illuminé de cierges, les tentures brodées d’argent, les sons de l’orgue, la voix des chantres, qui paraissent quelque peu blasés sur les lamentations quotidiennes dont ils font leur gagne-pain, les allées et venues et les sollicitations des quêteurs obstinés qui, secouant leur bourse béante, font sonner les gros sous comme pour battre le rappel de la monnaie, tout cela, sans nul doute, nuit au recueillement profond d’une assemblée sur laquelle le souvenir du mort devrait planer seul. L’office auquel j’assistai n’eut rien de cette ostentation aussi vaine que coûteuse, et le silence le plus solennel ne cessa pas d’y régner.

Vers la fin, un ami du défunt monta en chaire, et prononça, non point une de ces oraisons funèbres, remplies de périodes retentissantes qui détournent sur le panégyriste l’admiration qu’il demande pour celui qui sert de prétexte à son discours, mais quelques paroles simples et touchantes, dans lesquelles il retraçait les qualités de la personne dont on déplorait la perte.

— C’est à peu près le discours que nous prononçons au cimetière, observa Muller.

— Oui ; mais là, en plein air, gênés par les tombes voisines, et contrariés souvent par les intempéries