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VOYAGE À VÉNUS

est à l’amour ce que la cendre chaude est à la flamme, et je conçus l’espoir de lui avoir inspiré une sympathie plus voisine de la passion. Je craignis d’abord de céder complaisamment à une illusion de mon amour propre, mais une plus longue observation me donna l’assurance que mes appréhensions seules étaient chimériques. Pourquoi cette préférence en ma faveur ? Grâce, distinction, esprit, j’avais tout à envier à Cydonis, mais je n’ai pas la prétention de vous expliquer ce qu’il y a de plus inexplicable, sur la Terre comme dans Vénus : le cœur de la femme.

Ce que je crois de plus probable, c’est qu’elle m’aima par simple curiosité. La curiosité a tant de prestige sur le cœur humain, et surtout sur le cœur féminin ! Qu’est-ce, en effet, que l’homme ? Un animal curieux ; car, sans cet heureux instinct, il n’eût jamais rien appris, et ne se distinguerait pas des autres êtres vivants. La femme est bien plus curieuse encore : non pour s’instruire, mais pour se perdre, et perdre l’homme avec elle, — quelquefois même le genre humain tout entier… comme elle s’est empressée de le faire dès sa venue sur notre globe. — Or, les femmes de Vénus m’ont toujours paru issues d’une aïeule assez semblable à la nôtre, et je pense qu’elle aussi dut vouloir pénétrer