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VOYAGE À VÉNUS

ramener son troupeau à l’étable. Ainsi, une sorte de sympathie fraternelle semble lier les deux astres, et, dans cette innombrable quantité d’étoiles que ramène la nuit, les nôtres se montrent les plus empressées à se visiter et à échanger le premier bonsoir.

Célia sourit de ces prétentions à une sympathie, dont je semblais ne reconnaître l’existence entre deux astres qu’afin de l’établir à de moindres distances.

Pendant le repas qui suivit son arrivée, la jeune vénusienne m’adressa mille questions sur les choses de notre monde, notamment sur le mariage et les toilettes, d’où je jugeai que l’instinct de la parure était commun à toutes les femmes de l’univers.

Je m’empresse d’ajouter qu’elle m’interrogea sur une foule de points bien plus sérieux, et que je fus étonné de la variété de son érudition et de la trempe vraiment virile de son esprit. Je m’attendais à trouver ce que, dans nos pays civilisés, nous appelons une demoiselle bien élevée, c’est-à-dire une jeune fille guindée, timide, glacée de réserve et de modestie, pinçant les lèvres et baissant les yeux, gracieux automate dont l’éducation a monté le mécanisme, jusqu’au jour où le mariage le brise, anime la statue et métamorphose la docile poupée en un petit démon mutin, volontaire et donnant à ses instincts