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VOYAGE À VÉNUS

jamais de se donner le salutaire intermède d’une courte promenade.

Mélino me demanda si nos foyers ressemblaient à celui qu’il me montrait.

Je lui répondis qu’ils étaient beaucoup plus petits, et paraissaient, pour la plupart, n’avoir été pratiqués dans l’édifice qu’après coup, en profitant de quelque couloir hors d’usage.

« Mais, ajoutai-je, si le public des loges ne s’occupe guère de la pièce qu’on joue, en revanche, on en parle beaucoup au foyer — rarement il est vrai, pour en dire du bien. — Il y a d’abord les hauts barons du commerce, de l’industrie et de la Bourse, nos grands seigneurs d’aujourd’hui, qui, jaloux démontrer une sagacité littéraire qu’on ne leur eût jamais soupçonnée, critiquent à tort et à travers. On y voit encore les auteurs dramatiques, l’œil morne et la tête baissée si la pièce a du succès, joyeux et sémillants si le contraire arrive ; car ces chers confrères n’affectionnent et ne vantent jamais que les écrivains qui ne les éclipsent pas. Il en est de même, à l’égard des artistes jouant dans la pièce, de leurs bons camarades qui les critiquent à cœur joie ; les actrices se montrent surtout impitoyables pour celles qui ont l’affreux, l’impardonnable tort d’être plus jeunes et plus jolies qu’elles. Puis, viennent d’autres fron-