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VOYAGE À VÉNUS

À la fin de l’acte, je fis part de mon impression à Mélino, qui me donna la clef de l’énigme,

— Dans notre ville, me dit-il, chaque théâtre n’a pas une troupe spéciale. Si, chez vous, on fait les pièces en vue du personnel restreint d’un théâtre, et le plus souvent pour un seul artiste, de manière à sacrifier les autres rôles au despotisme de sa vanité et à réduire ses camarades aux modestes attributions de comparses donnant la réplique, nous croyons, au contraire, que rien ne restreint l’art à des proportions plus mesquines et plus éphémères que cette préoccupation d’écrire un rôle, non pour développer un caractère observé sur la scène du monde, mais pour faire valoir les qualités particulières d’un acteur, et parfois ses défauts physiques. Nos théâtres sont distribués en groupes à chacun desquels est affectée une grande troupe. Les artistes qui la composent jouent dans tel ou tel théâtre, suivant que leur talent convient plus ou moins aux rôles tracés dans les pièces qu’on y donne, et l’auteur a ainsi un vaste champ pour choisir ses interprètes.

De vifs applaudissements éclatèrent souvent pendant la représentation de la pièce vénusienne, mais je ne vis pas que l’enthousiasme eut, comme chez