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VOYAGE À VÉNUS

danseuses et danseurs vénusiens montraient de grâce décente et d’expression passionnée dans les sentiments qu’ils avaient à rendre. C’était suave et éthéré comme une vision séraphique. Ainsi, le spiritualisme le plus pur avait transformé là haut cet art de la danse, si sensuel et si matérialiste dans nos théâtres, où, hélas ! le tour de force l’a envahi comme il a envahi le chant. Les jetés-battus luttent de vertigineuse agilité avec les vocalises, et le bond qui enlève jusqu’aux frises l’élastique ballerine est pour elle ce que l’ut dièze est pour le chanteur : le nec plus ultrà du talent, le comble de l’art et du succès. Je ne parle pas de nos danseurs. La race s’en perd tous les jours, et ce qu’il en reste danse très-peu et très-mal. On n’en exhibe encore que pour faire ressortir, par contraste, la beauté plastique de tout ce que montrent les danseuses, et c’est beaucoup dire. On les emploie aussi à leur servir de support dans leurs attitudes penchées, et de levier pour les lancer en l’air. Ce sont des pièces de gymnase que notre façon de comprendre la danse rend indispensables.

Telle était, au contraire, la perfection des artistes vénusiens, que j’avais peine à comprendre qu’une seule troupe comptât des interprètes aussi distingués dans les genres les plus différents.

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