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VOYAGE À VÉNUS

bles bavards, qui ne se gênent en aucune façon pour causer à haute voix, et semblent même fort aises de faire admirer à tous ceux qui les entourent la finesse et le piquant de leurs observations critiques.

La pièce représentée n’appartenait à aucune de ces catégories dans lesquelles nous avons cru devoir parquer les œuvres théâtrales, car tous les genres s’y trouvaient mêlés.

Le jeu des acteurs me frappa surtout par son naturel exquis ; aucune charge dans les scènes de comédie, mais une saisissante image du ridicule, et des effets toujours puisés dans la source du comique la plus abondante et la plus pure — la naïveté ; pas d’emphase non plus dans les situations pathétiques, pas d’assourdissantes explosions de douleur ou de colère, pas de contorsions spasmodiques, mais un jeu sobre, une émotion contenue, ou plutôt voilée, et dont un geste, un frémissement, une intonation, un regard, suffisaient à trahir la violence, comme ces éclairs, qui soudainement illuminent les profondeurs d’une sombre nuée, et les sinistres grondements qui s’y font entendre signalent la tempête qu’elle recèle dans son sein.

Je ne fus pas moins ravi des artistes qui chantèrent. Leur voix rendait avec une émotion sympa-