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VOYAGE À VÉNUS

sans contredit, la guirlande de frais et gracieux visages qui fleurissaient dans les loges des galeries. Je remarquai avec plaisir que les beautés de Vénusia n’abusaient pas du décolleté, et que toutes les épaules, qui avaient acquis des droits à la retraite, s’abritaient prudemment sous les plis de la gaze ou du satin, au lieu d’affliger les regards de leurs aspérités ravinées par le temps.

De leur côté, les spectateurs ne transformaient point l’orchestre et le parterre en une sorte d’observatoire, et ne braquaient pas, sur certaines femmes, souvent avec une obstination impertinente, les deux branches de leurs jumelles indiscrètes.

Bientôt, à la place des trois grands coups de gaule qu’on frappe chez nous en signe d’avertissement, un timbre placé dans la salle fit résonner sa note claire et métallique. Il se fit un grand silence, et la représentation commença.

On exécuta d’abord une magnifique ouverture, dans laquelle les instruments de cuivre paraissaient vivre en très-bon accord avec les autres, et ne pas chercher à les écraser de leurs éclats retentissants. Puis, la toile se leva, et un silence attentif régna jusqu’à la fin de l’acte. C’est dire que nous n’eûmes point à subir l’agaçant voisinage de ces insupporta-