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VOYAGE À VÉNUS

mission, l’un pour la littérature, l’autre pour la musique.

— Deux théâtres, c’est bien peu.

— Assurément ; car ils sont loin de suffire à leur tâche, et, à voir ce qu’ils font pour les débutants, il est à croire qu’un peu plus de protection ne serait pas inutile à ceux-ci. On devait espérer que, conformément à leur institution, les théâtres dont je parle seraient entièrement consacrés aux essais des auteurs inconnus. Sans doute, ces essais, trahissant inévitablement un peu d’inexpérience, ne pouvaient faire d’abondantes recettes, mais la subvention y aurait suppléé, car elle n’est pas donnée pour autre chose. Il n’en est rien pourtant : l’ouvrage qui tient le haut de l’affiche est presque toujours signé d’un nom déjà célèbre, et la pièce qui l’accompagne habituellement choisie dans l’ancien répertoire.

« Oh ! l’ancien répertoire ! on le joue à satiété, à outrance ; et comme, après tout, il n’a produit qu’une vingtaine de pièces hors ligne, on s’évertue à fouiller dans ses poudreuses catacombes afin d’en retirer quelque œuvre fossile parfaitement oubliée. C’est ainsi que, livrés à leur ardeur résurrectioniste, nos théâtres subventionnés

 
Pour honorer les morts font mourir les vivants.