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VOYAGE À VÉNUS

ment littéraire ces astres éblouissants qui, dans les grands siècles, inondaient le monde de leur vive et féconde lumière, nous y contemplons un vaste épanouissement d’étoiles scintillant d’un éclat plus modeste et sans trop s’éclipser entre elles. En aucun temps, la librairie et le théâtre ne produisirent plus d’ouvrages et moins de chefs-d’œuvre. Chacun cherche à réussir, à la fois, dans les genres les plus différents : ceux qui sont nés poëtes deviennent aussi orateurs et prennent tour à tour la plume du romancier, de l’historien, du polémiste ou de l’auteur dramatique. Et, comme pour toutes ces compositions si rapides, si diverses, l’inspiration, fille du travail et de la patience, ne vient pas toujours assez vite, on sait se passer d’elle par l’habileté du métier.

— Je ne veux pas trop blâmer, dit Mélino, la propension qui fait écouter aux écrivains et aux directeurs de théâtre les suggestions de leur intérêt personnel. C’est à l’État qu’il appartient de veiller à ce que cet intérêt se confonde avec celui des lettres et du goût public, et votre gouvernement ne pourrait-il pas, par exemple, subventionner quelques théâtres pour favoriser la saine littérature et les débuts des auteurs inconnus ?

— Il le fait, mon cher hôte, lui répliquai-je. Nous avons deux théâtres qui sont censés exercer cette