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VOYAGE À VÉNUS

de provoquantes illustrations ; c’est pour exploiter le faux goût du grand nombre qu’elle dédaigne le simple — qui n’est autre chose que le beau — et qu’elle a recours au clinquant des antithèses et des grands mots, plus faciles à trouver que les grandes idées, à l’abus de la couleur et à la bizarrerie du style qui passe pour originalité.

« C’est encore la spéculation qui a perverti le théâtre au matérialisme : — matérialisme des sentiments qui fait rechercher, surtout dans les drames, les situations à émotions physiques, matérialisme de la représentation qui livre la scène aux trucs, aux décors et aux toilettes. Frapper le public de surprise et d’admiration par l’étalage de parures prétentieuses, soigneusement renouvelées à chaque acte, telle est la souveraine préoccupation de nos étoiles de théâtre. Quant aux actrices infimes — aux nébuleuses qui ne brillent que par groupes, — leur costume est si peu de chose, si peu, et ce peu est si diaphane, qu’elles semblent vraiment vêtues pour l’amour de Dieu, — et des hommes, — et que ce n’est pas la peine d’en parler. La plupart entrent en scène par pelotons de cinq, dix ou vingt, suivant les moyens de l’administration ; elles se rangent en ligne, et font les évolutions réglées par le metteur en scène, avec la précision et la grâce de gardes nationaux à l’exercice.