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VOYAGE À VÉNUS

s’épanouir : elles s’étiolent si on leur mesure l’air avec parcimonie, elles se brisent dans les tourmentes politiques, elles se flétrissent au souffle glacé de l’indifférence. Ce qu’il leur faut, c’est un air libre et calme, et les douces chaleurs de la sympathie publique.

« Il leur faut aussi un degré propice de civilisation : elle doit être assez avancée pour que le goût soit formé, — pas trop, de peur qu’il ne soit blasé sur les émotions purement littéraires.

« De même qu’au lever du soleil, le ciel se pare de ses couleurs les plus riantes, c’est à l’aurore des nations que nous avons vu briller les plus riches reflets de la poésie. À cet heureux moment, les peuples avaient cette fleur de naïveté qui leur permettait d’ajouter foi aux légendes de leurs poëtes, et qu’ils ont perdue sans retour lorsque la science, venant substituer les froides notions de la réalité aux rêves enchantés de l’imagination, les a conviés à des études d’un intérêt plus pratique.

— Que voulez-vous ? observa Mélino, c’est ainsi que procède partout la nature. Enfant, l’homme croit aux contes de sa nourrice, et, l’âge arrivant, ses idées se tournent vers le positif et l’utile. L’arbre se couvre de fleurs au printemps et de fruits à l’automne.