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— Que le tonnerre m’écrase, ajouta-t -il, si je n’ai pas dit la vérité !

Cette expression est la formule la plus énergique d’un serment de nègre, comme les signes extérieurs auxquels s’était livré l’interlocuteur de Firmin en sont le plus complet et le plus solennel accompagnement.

— Sais-tu, demanda Firmin, le nom de la mère de Madeleine ?

— Oui, maître.

— Et celui de son père ?

— Toute la Martinique l’a connu à cette époque. La mère, c’est mademoiselle Lucie de Jansseigne ; le père, c’est un officier de vaisseau, M. de Nozières. Tout Saint-Pierre a su cette histoire dans le temps.

— Peut-être me la rappellerais-je aussi en cherchant bien. Qu’importe ! je pars pour la Basse-Pointe.

Dix minutes après, Firmin était en route. De la Caravelle à la Basse-Pointe, où il arriva le lendemain, il avait à peine laissé à son cheval, baigné de sueur et de sang, le temps d’effleurer de ses naseaux brûlants les eaux limpides des rivières qu’il traversait à gué cette fois.


XXIV


En s’arrêtant devant la case de l’économe, Firmin aperçut derrière les jalousies de la petite galerie dont il avait déjà franchi le seuil en deux occasions si différentes, la tête pâle et languissante de Madeleine, qui, surprise par cette arrivée soudaine, et à coup sûr inespérée, poussa un