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pas précipité vers la salle où elle entra vivement en poussant la porte restée entre-bâillée. Firmin recula stupéfait.


XIX


Madeleine s’assit, tremblant d’émotion et de peur. En apercevant là, devant lui, la pauvre enfant pâle et frissonnante, Firmin oublia sa résolution. Il appuya l’une de ses mains sur le rebord d’une table, et porta l’autre à son cœur pour contenir la violence de ses battements.

— Monsieur Claudien, dit tout à coup Madeleine d’une voix faible et saccadée, je sais tout. Mon père a voulu me cacher de quelle part vous êtes venu ici, par qui vous lui êtes recommandé ; mais j’ai dérobé cette nuit la lettre de M. le comte de Lansac…

Madeleine ne put achever, elle dut s’arrêter un instant ; elle suffoquait. Firmin se rapprocha, inquiet et intrigué en même temps, mais sans qu’il se sentît la force de prendre la parole. La jeune fille continua ainsi :

— De plus, j’ai entendu ce matin tout ce que mon père vous a dit. Je sais qu’il voulait vous écarter de la maison ; je sais les recommandations qu’il vous a faites, je sais enfin qu’il vous a parlé de mon mariage… tout cela m’importe peu. Ce que je veux savoir de votre bouche même, c’est si M. de Lansac, en vous envoyant ici, ne vous a rien dit de moi… ne vous a chargé de rien pour moi.

— Oh ! si, Mademoiselle ! Il m’a recommandé de vous assurer d’un attachement profond, inaltérable, sans égal.