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et qui pourtant s’allient merveilleusement dans cette société qu’on ne connaît et qu’on n’apprécie bien qu’après l’avoir longtemps pratiquée, et y avoir vécu, en dehors de tous préjugés et de tout parti pris.

Les Deux Amériques sont le tableau et l’histoire, de la vie politique de ceux des peuples du Nouveau-Monde qui se sont élevés au rang de nations, plus particulièrement les Américains du Nord. J’ai exposé dans ce livre tous les faits qui ont contribué à assurer la liberté aux États-Unis, et à rendre ce pays, même avec les écarts et les extravagances qu’on lui reproche, un des plus grands pays du monde, et peut-être le plus heureux de tous, politiquement parlant. C’est ce que le lecteur saisira plus clairement encore dans le volume consacré aux hommes d’État américains. — Je n’ai pas omis de signaler dans les Deux Amériques les ambitieux empiètements du peuple des États-Unis sur le vaste continent qui l’entoure, et ses convoitises que justifie en quelque sorte le monopole parfois inintelligent des États européens à l’endroit de leurs possessions coloniales.

La première conquête territoriale que les Américains du Nord ont dû entreprendre et qu’ils ont poursuivie au nom de la civilisation, c’est la conquête sur les Indiens de vastes et riches contrées incultes entre les mains de ces Sauvages, sillonnées aujourd’hui de railways et de canaux, parées de villes splendides et de plaines florissantes. On a poétisé les Indiens pour accuser les Américains ; afin de justifier ceux-ci, j’ai esquissé les mœurs des Indiens dans le volume des Peaux-Rouges.

Mais au milieu même de la très-grande et très-riche civilisation qui règne dans ces pays, on constate d’étranges anomalies. Elles datent de l’origine des populations ; elles remontent aux premiers temps de la colonisation qui a été une œuvre plus laborieuse et plus épique qu’on ne peut croire. Il fallait expliquer ces ano-