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LA TRAITE DES NÈGRES




I


On a beaucoup parlé contre la traite des nègres ; on a assimilé ce trafic à la piraterie. Ce n’était pas assez, on l’a condamné comme un crime de lèse-humanité ; soit !

Je ne combattrai aucune des formules dont on s’est servi pour flétrir ce commerce, répugnant, et pourtant je n’ose pas dire ici que, au point de vue même de cette morale, de cette religion, de cette philosophie invoquées tour à tour ou simultanément pour condamner la traite des nègres, ce commerce a rendu à l’humanité et à la civilisation des services que l’esclavage, crime odieux, plus que la condition de l’esclave elle-même, a empêché d’apprécier.

Je paraîtrais mentir à mes propres sentiments et aux généreux élans de cœur de mes lecteurs, si j’insistais sur ce point et si je développais ici une théorie qu’on flétrirait sans qu’il me fût ni permis ni possible de me justifier ; d’autant plus que cette doctrine a servi d’argument à tous les défenseurs de l’esclavage.